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Mona... lit ça!
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10 octobre 2007

Ni d'Eve, ni d'Adam d'Amélie Nothomb

ni_d_eve_ni_d_adamOu « L'Amant » d'Amélie Nothomb. Le quinzième roman publié en quinze ans de l'auteur belge qui vient juste de devenir quadragénaire.

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En lisant «Ni d'Eve ni d'Adam», on ne peut s'empêcher de penser à «L'Amant» de Marguerite Duras. Marguerite Duras y relatait sa première passion amoureuse, un riche Chinois rencontré en Indochine. Amélie nous confie son histoire avec un Japonais, son élève, âgé d'une vingtaine d'années comme elle à l'époque de «Stupeur et Tremblements». Et comme dans toute autobiographie, elle s'essaie avec franchise à une analyse d'elle-même. Version belge. D'humour, Amélie n'en manque pas et pratique l'autodérision comme une virtuose avec un style inimitable. «Au Japon, pour éloigner les moustiques on brûle des katorisenko : je n'ai jamais su de quoi se composaient ces petites spirales vertes dont la lente combustion chasse les parasites. J'en allumais aussi, ne fût-ce que pour la joliesse de ce curieux encens, mais mon pouvoir de séduction était tel que les moustiques ne se laissaient pas dissuader par si peu. Je recevais l'énorme charge d'amour de cette gent vrombissante avec une résignation qui, le supplice passé, se muait en grâce.» Ou carrément lyrique quand elle se dépeint comme une alpiniste innée : « Etre Zarathoustra, c'est avoir à la place des pieds des dieux qui mangent la montagne et la transforment en ciel, c'est avoir à la place des genoux des catapultes dont le reste du corps est le projectile. C'est avoir à la place du ventre un tambour de guerre et à la place du coeur la percussion du triomphe, c'est avoir la tête habitée d'une joie si effrayante qu'il faut une force surhumaine pour la supporter, c'est posséder toutes les puissances du monde pour ce seul motif qu'on les a convoquées et qu'on peut les contenir dans son sang, c'est ne plus toucher terre pour cause de dialogue rapproché avec le soleil. Le destin, célèbre pour son humour, a voulu que je naisse belge. Etre originaire du plat pays quand on appartient à la lignée zoroastrienne, c'est un pied de nez qui vous condamne à être un agent double».
Dans ce roman, on découvre plusieurs Amélie dont cette surprenante aventurière, prête à en découdre passionnément (voire follement) avec les pires sommets. Une Amélie sportive, eh oui ! Une Amélie également courageuse, qui fait les frais de la conversation pendant que des hôtes inconnus s'empiffrent. Une tradition japonaise semble-t-il.
Au-delà de l'introspection qui nous la rend amie, Amélie évoque également ce Japon auquel elle se sent si essentiellement soudée. On salive autant qu'elle devant ses savantes reconstitutions culinaires et on tente d'apprivoiser à travers notre occidentalisme, les spécificités japonaises comme l'émouvante confidence de son amant, Rinri. « -C'est difficile aussi d'être un Japonais. (...) -A cinq ans, comme les autres enfants, j'ai passé les tests pour entrer dans l'une des meilleures écoles primaires. Si j'avais réussi, j'aurais pu, un jour, aller dans l'une des meilleures universités. A cinq ans, je le savais. Mais je n'ai pas réussi.(...) -A cinq ans, j'ai su que je n'étais pas assez intelligent. »

Albin Michel (17,90 euros)

23 août 2007

Sélection finale du Goncourt 2007.

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