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Mona... lit ça!
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18 octobre 2007

L’Allumeur de rêves berbères de Fellag

fellagPour apprendre à rire de tout.

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Alger, 1990. Zakaria, le narrateur a 50 ans. Ecrivain et journaliste «dans un pays où ne sont édités que des œuvres asexuées, gommées de toutes les aspérités caractérisant la pensée individuelle», il se conforme au moule sans faire d’histoires. Jusqu’au début des années 80 où pris de lucidité, il dénonce «les massacres commis par l’armée pendant les évènements du mois d’octobre 1988». Censuré, il est envoyé au placard dans l’administration. Puis les menaces commencent. D’abord par lettre, puis par téléphone. Ses persécuteurs, les islamistes, lui décrivent l’atrocité de sa mort à venir. Son crime : être un intellectuel. Submergé par la peur, il se barricade dans son appartement d’une cité d’Alger. Il perd son travail, sa femme, ses enfants, oublie tout dans l’alcool. Pour rompre la monotonie de ses jours, il se met à observer le voisinage et à tenir compulsivement des fiches dans le but d’écrire un livre. La cité, «tour de Babel sociale» est riche en personnages : il y a Malika, la «putain» au grand coeur, Rose, la «Juive» dite «Madame» par respect pour son ex-profession, sage-femme, Aziz, le génie du bricolage auquel «aucune mécanique ne résiste» qui a le projet fou d’ouvrir un bar dans la cave et fabrique un mystérieux alambic. Et il y a aussi Nasser, un petit technicien du gaz insignifiant, qui par la force va devenir son meilleur ami. Lui aussi a reçu une lettre de menace.

La petite fourmilière est régulée par l’arrivée de l’eau. En ces temps de restriction, elle n’est distribuée que deux fois par semaine pendant deux heures, en pleine nuit. Fatalistes, les habitants se soumettent à ce rythme nocturne et en font même un moment de fête. Seul objet d’une rébellion sans faille : l’antenne parabolique pour laquelle des bagarres opposent les habitants aux islamistes. Dans cette cité d’Alger, musulmans, juifs, ouvriers ou ingénieurs cohabitent dans la bonne humeur et le souci constant de l’entraide. Pourtant les menaces, les délations, les condamnations à mort, les tentatives d’intimidations, les exécutions font dramatiquement parti de leur quotidien, tout comme la rareté de l’eau. Ca ne leur ôte ni leur flegme, ni leur ingéniosité, ni leur générosité, ni leur solidarité. Et surtout par leur capacité à rire de tout. Dans ce livre au titre enchanteur, «L’allumeur de rêves berbères», Fellag nous raconte des histoires terribles avec un incroyable humour et surtout une très jolie plume.

 

JC Lattès (22 août 2007)

14 euros

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