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Mona... lit ça!
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10 octobre 2007

Eleanor Rigby de Douglas Coupland

Eleanor_RigbyUne femme peut en cacher une autre.

SourireSourireSourire

Liz Dunn a 36 ans. Grosse, ce qu’elle a de mieux, selon son frère William, ce sont ses cheveux roux foncé et ondulés. Elle est comptable chez Landover Communications Systems et gagne bien sa vie. De quoi louer toutes les vidéos dont elle a besoin pour meubler son inaltérable solitude. Liz n’a jamais eu de petit copain, ni d’amis. Sa vie sociale se résume à de sommaires échanges avec ses collègues et aux visites alternées de sa mère, de sa très séduisante sœur aînée Leslie et de son frère parfois accompagné de sa femme et de ses neveux. Pour trouver un peu d’air dans cette étouffante solitude, elle décide de se confier à un journal, un récit à la première personne qui révèle une femme certes aigrie, mais surtout très intelligente et dotée d’un sérieux sens de l’humour. Une femme originale qui, témoin un soir du passage de la comète Hale-Bopp dans le ciel terrestre, y voit l’annonce d’un changement radical. Une prémonition qui se révèle exacte. Alors qu’elle se remet quelques jours plus tard de l’extraction de ses dents de sagesse, un coup de fil vient perturber la morosité de sa vie. Un jeune homme a été admis à l’hôpital et la personne à prévenir en urgence, c’est elle. Liz n’est pas surprise. Elle sait qui est ce jeune homme qu’elle ne connaît pourtant pas.

Une héroïne trentenaire, rondelette et solitaire… On pourrait s’attendre à une énième Bridget Jones. Mais Liz Dun est tout sauf une Bridget Jones. Certes, sa solitude la déprime mais elle ne cherche pas pour autant à plaire à son entourage ou à faire des rencontres. Aucune coquetterie dans son comportement. Elle est d’une lucidité acide sur elle-même et sur les autres. Sa tolérance est extrêmement surprenante tout autant que le cynisme dont elle fait preuve parfois, comme quand elle avoue avoir ri à la mort de la mère de Bambi. On découvre aussi une femme tendre, naturellement capable de prodiguer son amour, sans excès, sans démonstration. Une femme bien en dépit des incroyables aventures que Douglas Coupland va lui faire vivre. L’auteur de « Génération X » s’en donne à cœur joie avec son héroïne et assène à tout va des réflexions sans concession dans son récit comme pourrait le faire un enfant de cinq ans. Chase, l’un de ses neveux : « Maman nous a dit que tu avais une maladie. C’est comme au téléthon, quand on te met dans un fauteuil roulant et ensuite les gens te poussent en bas d’une colline et tu meurs. »  Ou Liz : « Le pauvre avait passé toute son enfance ballotté de famille en famille, comme un roman porno dans un camp de vacances. » Etrange façon de comparer les choses. Elucubrations ou pensées profondes, chaque lecteur jugera de la pertinence des idées disséminées. Une chose est sûre. Face à des destins aussi dramatiques soient-ils, Douglas Coupland fait preuve de beaucoup d’humour, noir sans aucun doute, et on ne peut s’empêcher de rire au détour de certaines pages. Un talent rare.

Au Diable Vauvert (19 euros)

30 août 2007

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